Un véhicule neuf vendu en Europe en 2023 émet en moyenne 108 g de CO2 par kilomètre, selon l’Agence européenne pour l’environnement. Certains modèles affichent pourtant des chiffres dépassant largement cette valeur, atteignant parfois plus de 300 g/km. Les SUV et les voitures de luxe figurent systématiquement parmi les pires élèves, malgré les normes de plus en plus strictes.
Les écarts entre les catégories de véhicules persistent, même avec l’hybridation ou l’électrification partielle de certains modèles. Certaines motorisations, comme les V8 essence, restent championnes toutes catégories des émissions de CO2 sur route.
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Pourquoi certaines voitures polluent-elles plus que d’autres ?
Aucune loterie ne préside aux émissions de CO2 d’un véhicule. Tout découle d’équations mécaniques et énergétiques simples : poids, type de moteur, essence, diesel, hybride, et consommation de carburant dessinent le véritable visage de l’impact environnemental d’une voiture. Plus un véhicule pèse lourd, plus il réclame d’énergie à chaque accélération. Les SUV, qui cumulent masse imposante et lignes peu aérodynamiques, voient leur bilan carbone s’envoler, là où les citadines s’en tirent mieux.
Les voitures thermiques, essence ou diesel, dominent encore largement le secteur des émissions de gaz à effet de serre liées à l’automobile. Leur moteur brûle des carburants fossiles, générant du CO2 d’un côté, des oxydes d’azote (NOx) de l’autre. Face à elles, les voitures électriques ne dégagent rien lors de la conduite, mais la production des batteries, très énergivore, pèse lourdement dans leur empreinte carbone initiale, un point régulièrement souligné par l’Ademe.
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Le cycle de vie complet d’une voiture, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à sa mise au rebut, influe sur son bilan global. Un autre paramètre s’ajoute : le mix énergétique du pays où elle circule. Une voiture électrique branchée sur un réseau alimenté au charbon, comme en Europe de l’Est, générera plus d’émissions qu’un modèle équivalent roulant en France, où l’électricité est majoritairement décarbonée.
La technologie du moteur, la façon de conduire ou même la météo entrent aussi en jeu. Les véhicules à grosse cylindrée, souvent choisis pour leur puissance, font grimper les compteurs d’émissions et trustent les dernières places du classement environnemental.
Catégories de véhicules : qui détient le triste record des émissions de CO2 ?
Si l’on classe les voitures selon leur catégorie, aucun suspense : les SUV thermiques mènent la danse, et pas pour de bonnes raisons. Leur poids, leur moteur musclé, leur profil carré se traduisent par un bilan carbone parmi les plus lourds du marché. Les chiffres de l’Ademe sont sans appel : dépasser les 180 g CO2/km est courant, flirter avec les 200 n’a rien d’exceptionnel chez ces mastodontes, alors que les citadines restent largement en dessous.
Voici comment se répartissent les émissions selon les grandes familles de voitures :
- SUV essence/diesel : des niveaux d’émissions qui s’étendent en moyenne de 160 à 200 g CO2/km.
- Berlines familiales thermiques : la plupart oscillent entre 120 et 160 g CO2/km.
- Citadines : dans la plupart des cas, elles restent sous le seuil des 110 g CO2/km.
- Véhicules électriques : aucune émission à la conduite, mais un impact indirect qui survient lors de la fabrication et de la production de l’énergie de recharge.
Les hybrides rechargeables pourraient passer pour des modèles vertueux à première vue : ils affichent des émissions faibles tant qu’on roule sur l’électricité. Mais dès que l’autonomie électrique est épuisée, le moteur essence reprend la main et les rejets repartent à la hausse, notamment sur autoroute.
La France avance à marche forcée vers la réduction des émissions du transport routier, s’appuyant sur le déploiement des voitures électriques et des zones à faibles émissions. Mais dans les concessions, les modèles thermiques, Peugeot, Renault, mais aussi les géants allemands, continuent de dominer. Partout en Europe, la bataille s’intensifie, chaque gramme de CO2 arraché devenant un argument politique et industriel.
Zoom sur les modèles les plus émetteurs selon les dernières données
Certains modèles pulvérisent les compteurs. Les véhicules thermiques haut de gamme, lourds et puissants, s’illustrent par des émissions de CO2 qui dépassent allègrement les 200 g/km. Les chiffres de l’Ademe et de Statista ne laissent aucune place au doute : la combinaison d’une motorisation massive et d’un poids conséquent plombe le bilan carbone de ces voitures.
Pour donner un aperçu concret, plusieurs modèles se détachent nettement du lot : le Land Rover Range Rover Sport V8, le BMW X6 M ou encore l’Audi Q7 4.0 TDI s’imposent comme de véritables symboles de la surconsommation. Leurs émissions dépassent régulièrement les 250 g CO2/km, soit plus du double d’une citadine moyenne. Même les références françaises, comme la Peugeot 5008 2.0 BlueHDi ou la Renault Koleos dCi 190, franchissent les limites fixées par Bruxelles pour les nouveaux véhicules.
Modèle | Énergie | Émissions CO2 (g/km) |
---|---|---|
Land Rover Range Rover Sport V8 | Essence | plus de 260 |
BMW X6 M | Essence | environ 245 |
Audi Q7 4.0 TDI | Diesel | près de 230 |
L’écart est flagrant : la recherche de puissance et de performance continue d’entraîner une véritable fracture sur le plan écologique. Les voitures thermiques de forte cylindrée dominent toujours le haut du classement des véhicules polluants. Réduire les émissions imposera une mutation profonde de l’offre, avec une montée en puissance des modèles hybrides et électriques, un enjeu de taille pour l’industrie et les décideurs, en France comme ailleurs en Europe.
Réduire l’empreinte carbone de sa voiture : quelles alternatives concrètes ?
Le secteur automobile a un rôle déterminant à jouer dans la réduction des émissions. Sous la pression croissante des réglementations et des attentes citoyennes, les constructeurs accélèrent la mutation vers des véhicules électriques et hybrides rechargeables. En France, le plan climat dope l’innovation : Renault multiplie les modèles électriques, de la Zoé à la Mégane E-Tech, pendant que les concurrents français et européens élargissent leur catalogue. Pour l’automobiliste, passer à l’électrique permet de réduire nettement son bilan carbone à l’usage, d’autant plus sur un réseau électrique peu émetteur comme celui de la France.
Mais tout n’est pas si simple. Fabriquer une voiture électrique génère plus de CO2 qu’un modèle thermique, notamment à cause des batteries. Il faut parcourir plusieurs dizaines de milliers de kilomètres pour que l’avantage environnemental se confirme sur l’ensemble du cycle de vie. L’ADEME le rappelle régulièrement : beaucoup dépend aussi de l’électricité utilisée pour la recharge, très variable selon les pays.
Les hybrides rechargeables séduisent par leur flexibilité, mais leur efficacité dépend de l’usage réel. En ville, sur de petits trajets, ils limitent les émissions à condition de recharger fréquemment. Sur autoroute ou sans recharge régulière, le moteur thermique prend le relais et les avantages fondent. Pour alléger son empreinte, il vaut mieux choisir des véhicules à faibles émissions, éviter les modèles lourds et puissants, et modérer sa consommation.
Voici quelques leviers d’action au quotidien pour limiter les émissions :
- Optez pour une conduite souple et prévoyez vos déplacements.
- Assurez un entretien régulier du véhicule pour éviter la surconsommation de carburant.
- Considérez d’autres solutions : autopartage, covoiturage, mobilités actives.
Changer de technologie ne suffira pas. Diminuer les émissions de gaz à effet de serre suppose aussi d’interroger nos usages, nos besoins, nos automatismes. La révolution du transport propre s’écrit sur la route, mais aussi dans chaque choix, chaque trajet, chaque habitude remise en question.